Un américain s'attaque à la FIFA

Journaliste au Sports Illustrated -magazine américain renommé-, Grant Wahl a suivi trois Coupes du monde. En décembre, il a eu une idée folle: se présenter à la présidence de la FIFA.
Quand avez-vous eu cette idée?
J’étais présent à Zurich lors des nominations de la Russie et du Qatar pour les Coupes du monde 2018 et 2022. Ces choix ont mis en lumière des problèmes structurels et la crédibilité de la FIFA en a pris un coup. Plus tard, j’ai appris que tout un chacun pouvait être président. Cela a titillé mon intérêt. J’ai vu qu’en 2007, Sepp Blatter n’a pas eu le moindre concurrent. Cela m’a décidé à me lancer.
Le Qatar et la Russie n’avaient pas le droit d’organiser cette Coupe du monde?
Le comité exécutif n’a même pas écouté ses propres personnes qui se plaignaient de la difficulté d’organiser cette compétition au Qatar. La chaleur sera absolument étouffante. Mais cela n’a pas eu l’air d’inquiéter quiconque. L’Australie, le Japon ou la Corée du Sud avaient un programme excellent, mais cela n’a pas suffi.
Pensez-vous avoir une réelle chance?
Je ne suis pas stupide, je pense que je n'ai pas une grande chance de gagner. Ma victoire serait la plus grande surprise de l’histoire du sport. Le but est surtout d’envoyer un message aux fans. La FIFA n’est pas une organisation claire et doit progresser. Ma candidature pourrait être un message pour la démocratie.
Quel est votre programme pour cette élection?
Prouver à quel point la FIFA est opaque. Il faudrait rendre public tous les documents de la FIFA pour voir à quel point le mal est profond. Je mandaterais une commission afin d’investiguer sur les affaires internes avec une commission externe. J’espère encourager le gouvernement suisse à mettre le nez dans les affaires de la FIFA.
Et concernant le jeu?
Je militerais pour l’arbitrage vidéo afin que l’arbitre ne soit pas le seul dans le stade à ne pas voir qu’un but vient d’être marqué, comme lors de la dernière Coupe du monde. Retirer son maillot est aussi sévèrement puni qu’un tacle appuyé. C’est un non-sens terrible. Le jeu doit être remis au centre des préoccupations.
Pour être éligible, vous avez besoin du soutien d’une fédération nationale. Où en êtes-vous sur ce point-là?
J’ai jusqu’au 1er avril. J’ai des contacts, mais je me heurte à la frilosité des décideurs des petites nations. Ils ont peur de me soutenir et d’être punis par la FIFA dans les fonds alloués au développement du football. Je vise les fédérations de moyenne importance ayant moins peur des conséquences.
Avez-vous déjà parlé à Sepp Blatter?
Pas encore. Je le respecte en tant qu’homme, mais pas en tant que dirigeant. J’ai eu un seul contact «direct» avec lui par le passé, c’était durant la Coupe du monde 2010 à Johannesburg. Nous avions le même masseur et il m’a parlé en bien de Sepp Blatter. Durant le tournoi, il lui a donné des tickets pour les matches. Ce masseur avait une haute opinion de lui. Tous les griefs que j’ai concernent le dirigeant et non l’homme. Par contre, nous avons des désaccords sur de nombreux points.
Accepteriez-vous un débat face à lui?
J’adorerais! Ce serait aussi bien pour lui que pour nous. Je suis sûr qu’il pourrait profiter de cette occasion pour parler aux fans de football. En se montrant convainquant dans cet exercice, il pourrait encore renforcer sa position.
Serez-vous présent le 1er juin pour l’élection?
Cela dépend si je suis nominé (rires). Si ce n’est pas le cas, cela dépendra de Sports Illustrated. S’ils jugent intéressant de m’y envoyer, je serai là en tant que journaliste.

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